Cancer de l’œil de l’enfant : l’enjeu vital du diagnostic précoce

 

Le cancer de l’œil de l’enfant, ou rétinoblastome, est plus fréquent en Afrique en raison de la démographie, en effet 40% de la population d’Afrique subsaharienne a moins de 15 ans contre 17% en Europe. Il est parmi les trois premiers cancers de l’enfant diagnostiqués en Afrique subsaharienne, on estime à 1 600 nouveaux cas par an sur 8 000 dans le monde entier. Le rétinoblastome est un cancer de la rétine qui survient presqu'exclusivement chez le jeune enfant de moins de 5 ans. Il atteint les deux yeux dans un tiers des cas, pouvant alors conduire à la cécité. Mais il est guérissable dès lors que le diagnostic est précoce. Dans les pays à haut revenu, le taux de guérison est de plus de 95%, en France il est de 100% aujourd’hui, ce qui n’est malheureusement pas le cas en Afrique, où ce chiffre descend souvent à moins de 30%.

Or ce cancer peut se diagnostiquer aisément dès l’apparition d’une tache blanche qui se forme dans l’œil, ou quand apparait un strabisme fixe. Plus le diagnostic est fait précocement par le simple examen clinique, plus le taux de guérison augmente et plus le traitement sera simple, peu coûteux et permettra de conserver un œil fonctionnel dans les cas bilatéraux. Dans la plupart des cas, le traitement comporte l’ablation de l’œil atteint (ou de l’œil le plus atteint dans les cas bilatéraux) associé à de la chimiothérapie avec des médicaments spécifiques.

Tout l’enjeu est donc d’établir ce diagnostic et d’intervenir le plus tôt possible. D’où l’importance de sensibiliser et former les acteurs de santé (oncologues, ophtalmologistes, médecins généralistes et traditionnels, infirmiers, ocularistes) mais également les ministères de la santé, les communautés et les familles.

Le GFAOP[1], dont la mission est d’aider les équipes africaines à traiter efficacement les enfants atteints de cancer et favoriser le développement pérenne de l'oncopédiatrie en Afrique, en collaboration avec l’OMS[2], et avec le soutien de l’AMCC[3], a lancé une campagne de sensibilisation au diagnostic précoce des cinq cancers les plus curables, dont le rétinoblastome, au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Le projet s’adresse en priorité aux médecins et autres prestataires de santé en collaboration avec les ministères de la santé. Des campagnes d’information seront par la suite conduites avec des associations locales et la société civile.

« La population d’Afrique subsaharienne devrait presque doubler durant les trois prochaines décennies. Elle passera de 1,15 milliard de personnes en 2022 à 2,09 milliards en 2050, selon l’ONU. Parallèlement, les nouveaux cas de rétinoblastome risquent de doubler et d’atteindre le nombre de 3000, d’où l’importance de travailler sur du long terme, de mettre en place un programme durable avec les autorités de chaque pays afin de construire un socle irréversible de prise en charge, axé sur la formation. Par exemple, en 2018, nous avons obtenu de premiers résultats très satisfaisants et prometteurs puisque le programme à Bamako, au Mali, a permis de guérir 80% des enfants atteints du cancer de l’œil. », explique le Pr Pierre Bey, coordonnateur du programme rétinoblastome 2019-28 en Afrique subsaharienne dans le cadre de l'AMCC, du GFAOP et de l'Institut Curie qui est le centre de référence national en France pour les enfants atteints de rétinoblastome.

La Fondation Valentin Haüy est engagée depuis 2014 aux côtés du GFAOP.
Elle soutient les missions de recherche et de soin à hauteur de 30.000 euros par an,
contribuant ainsi à la prise en charge et la rémission de plus de 200 enfants par an.


[1] GFAOP :  Groupe franco-africain d’oncologie pédiatrique

[2] OMS : Organisation mondiale de la santé

[3] Alliance mondiale contre le cancer. Elle soutient aujourd’hui 27 équipes dans 20 pays d’Afrique, couvrant une population de 600 000 millions de personnes et plus de 1000 cas de rétinoblastome par an, avec l’objectif de guérir 700 enfants chaque année, soit un taux de guérison de 70%.